Accueil Société Kairouan – Violence en milieu scolaire: Une réalité complexe !

Kairouan – Violence en milieu scolaire: Une réalité complexe !

La violence en milieu scolaire demeure un phénomène d’un système éducatif qui n’a pas réussi à faire sa révolution. L’état des lieux laisse encore à désirer.

A l’école, dans la rue et même au sein de sa famille, l’enfant n’est plus en sécurité, étant donné qu’il fait, d’une manière assez fréquente, l’objet de violences continues et protéiformes. Les violences en milieu scolaire sont-elles un simple corollaire de cette réalité si complexe et préoccupante ? L’on en a parlé assez, sans venir à bout du problème. Entre-temps, l’école s’est érigée en un espace très agité, où se dessine un paysage scolaire traumatisant fait de comportements à haut risque tant chez les élèves que leurs enseignants. La situation demeure intenable !

La violence n’est plus un simple fait divers

L’Agence de la démocratie locale (ADL) vient d’évoquer ce phénomène tentaculaire qui gagne de plus en plus du terrain et qui ne cesse de poser des points d’interrogation. L’état des lieux, certes, n’échappe pas aux yeux, mais les solutions manquent souvent. Le président de l’ADL, Youssef Nouri, un militant associatif à plusieurs casquettes, a mis la déferlante violence scolaire sous les projecteurs. Cette fois-ci, le débat a pris une dimension locale, à laquelle s’invitent tous les acteurs locaux, afin de mieux cerner le phénomène, ses causes et ses effets. D’ailleurs, la manifestation, récemment organisée à son initiative, s’est focalisée sur la région de Kairouan, ayant pour thème « Violence en milieu scolaire, diagnostic et alternatives ». Et tous les sujets qui en découlent ne sont pas aussi moins importants. Corps enseignants, personnels, élèves, familles, société, tous sont pointés du doigt. M. Nouri voudrait que tous les Kairouanais en soient bel et bien conscients, à même d’impliquer toutes les localités dans une approche de traitement participative et intégrée.

Alors, l’on doit penser, sérieusement, à une nouvelle recette de la vie scolaire. «C’est ainsi qu’on va éradiquer ce fléau à la racine », révèle-t-il. Or, cela ne saurait se faire que dans le cadre d’un projet de réforme éducative complet. Dans cette logique, l’ADL était pragmatique, partant d’une étude empirique basée sur un échantillonnage sous forme de questionnaires remplis par 200 élèves, 100 cadres éducatifs et administratifs, ainsi que par 100 parents, avec le choix de 20 apprenants porteurs de handicap. Et ce n’est pas tout. L’enquête menée sur le terrain, dans huit délégations, à savoir Kairouan- nord et sud, Sbikha, Bouhajla, Cherarda, El Hajeb, El Ala et Haffouz, n’a pas épargné d’autres structures et institutions concernées, dont notamment les commissariats régionaux à l’éducation, aux affaires sociales, à la santé et bien d’autres spécialistes et acteurs associatifs locaux. C’est que la violence en milieu solaire n’est guère un simple fait divers. Mais une réalité complexe qui en dit long sur les facteurs amplificateurs.

Rapports élèves-enseignants tendus

Ainsi, l’étude étant à vocation sociétale couvrant la période 2012-2019, au cours de laquelle une certaine recrudescence de la violence a été visiblement constatée. Et dont le taux enregistré en milieu scolaire est relativement élevé. Quelque 22 établissements éducatifs ont été retenus comme foyers de comportements violents, situés dans les huit délégations précitées. L’on y recense, au total, plus de 20 mille cas de violences physiques et verbales faites par les élèves, par rapport à plus de 8 mille actes violents commis par le corps enseignant et 5.627 autres cas signalés dans le rang du staff de scolarité. Et là, 51% des élèves interrogés ont déclaré être, à maintes fois, la cible de violences au sein de leur milieu scolaire, en ayant également reconnu leur implication, pas mal de fois, dans des actes de violence, sous toutes ses formes. Témoignages majoritairement confirmés par 58% de leurs parents interrogés.

D’un autre côté, 36% des cadres éducatifs et administratifs ont reconnu être impliqués dans cette spirale de violences, et dont 52% parmi eux ont jugé qu’ils n’ont fait que réagir à des agressions faites à leur encontre. Mais, ceci est loin d’être justifié, comme l’ont souligné les parents. Ces derniers, aussi procéduriers soient-ils, ont indiqué que la majorité des cas de violence sont constatés au sein du milieu scolaire, ce qui a été également affirmé par le corps enseignant. Pour lui, le phénomène est quasiment lié au milieu scolaire, niant son existence ailleurs. Alors que 64% des élèves trouvent que ce phénomène est exercé beaucoup plus à l’extérieur, aux alentours de l’école. La violence en ce milieu scolaire revêt, alors, toutes les formes d’agressivité d’ordre physique, verbal, moral, sexuel et aussi économique. Et les taux sont, manifestement, élevés, avec des différences près. Chez l’élève ou l’enseignant, rien ne justifie un tel comportement humiliant et dégradant qui a pesé sur la qualité de l’enseignement et écorné l’image de l’institution éducative.

Cellules d’écoute

Faire un tel état des lieux semble important, mais tenter d’y apporter les solutions appropriées s’avère beaucoup plus important. Tous les participants au débat, élèves, enseignants et société civile se sont mis d’accord sur la nécessité de se concentrer sur le dialogue interactif comme solution.

D’autres ont mis le doigt sur la création des cellules d’écoute et la multiplication des clubs d’animation scolaire, servant d’amortisseurs de tensions, à même d’instaurer un climat d’entente et de créativité au sein de l’école.

Le gouverneur de Kairouan, lui, a fait appel à la société civile pour l’impliquer afin d’intensifier la sensibilisation, le suivi et l’accompagnement scolaire. M. Nouri y voit une opportunité pour renforcer les partenariats visant à initier à des projets pilotes à l’échelle locale. Cela est de nature à donner l’exemple sur le plan du gouvernorat. En fait, les outputs de la rencontre ont dû relancer la balle dans le camp du ministère de tutelle. M. Ali Messâadi, commissaire régional de l’éducation, a reconnu cette responsabilité qui lui a été attribuée. Et comme l’élève est l’axe principal de l’opération éducative, l’on devrait remettre les pendules à l’heure. « On compte, en partenariat avec la société civile, mettre à la disposition des élèves des cellules d’écoute aux doléances et préoccupations de nos élèves», indique-t-il. Ceci n’est qu’un pas vers l’avant.

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